Célébrer avec le Peuple Wichi – Argentine

 "Dieu envoie toujours quelqu’un pour aider son peuple"

Ces paroles sont une belle synthèse de ce qu’est notre mission. Il y en a encore de plus significatives quand elles expriment la reconnaissance de ce que nous sommes, et de ce que nous faisons pour ceux à qui nous sommes envoyées, comme c’est le cas ici. De fait, quel que soit l’endroit où nous nous trouvons, et ce que nous faisons, nous sommes toujours envoyées par Dieu pour aider nos frères et nos sœurs. Cette aide se concrétise de mille façons, elle n’a pas de limites, mais elle est toujours la transmission de l’Amour de Dieu. Il en est ainsi depuis 30 ans avec le Peuple Wichi, dont les FMM partagent la vie, à environ 4 km de la petite ville d’Embarcación, dans la province de Salta au nord de l’Argentine.

L’ethnie Wichi est l’une des nombreuses ethnies des peuples originaires d’Argentine. Ces peuples sont depuis toujours marginalisés, discriminés, déconsidérés. Leurs droits fondamentaux sont piétinés, comme par exemple la propriété de leurs terres, ne leur laissant pas d’autre alternative que de vivre sur des terres inhospitalières, dans les régions les plus pauvres au nord ou au sud du pays. Ils sont les plus pauvres parmi les pauvres. Alors, il n’est pas surprenant que la province FMM d’Argentine-Uruguay ait choisi de partager leur vie, s’enrichissant de leur patrimoine culturel et faisant l’expérience de la diversité.

Après avoir été expulsés maintes fois de leurs terres, les pionniers de cette communauté Wichi ont décidé de s’établir sur « Fiscal », des terres qui font partie des biens fonciers de la mairie, ou « terres fiscales » comme on les appelle ici même lorsqu’elles sont devenues propriétés de la communauté. Ils ont pu enfin habiter sur un territoire plus sûr, sans le risque toujours imminent d’être une fois encore expulsés. Ils commençaient ainsi une nouvelle étape qui dure encore aujourd’hui. Cependant un long chemin était nécessaire jusqu’à ce qu’ils arrivent à une sécurité complète qui n’était possible que s’ils devenaient propriétaires des terres qu’ils occupaient. Un parcours difficile à cause des rares ressources que leur donne cette terre, ne leur laissant souvent d’autres alternatives que la mendicité.

 

 

C’est le contexte dans lequel une jeune FMM, S. Liliana, qui faisait partie de la communauté d’Embarcación, a connu les Wichi de « Fiscal ». Un jour elle a été abordée par une femme qui lui demanda du pain dur parce que, lui expliqua la femme, ce pain ne sert plus à ceux qui vivent dans le confort, mais peut tromper la faim de ceux qui n’ont rien. Cette rencontre a eu un grand impact sur S. Liliana. Non, elle ne donna pas à la femme le pain dur qu’elle lui demandait mais elle alla avec elle pour voir où elle habitait avec sa famille. Et c’est ainsi, après avoir reçu l’approbation des Wichis, qui en assemblée communautaire ont voté pour la présence des FMM parmi eux, que les sœurs se sont engagées à ne pas faire de prosélytisme pour leur faire changer de confession chrétienne puisqu’ils étaient anglicans, mais à travailler ensemble pour le Royaume de Dieu. Et cela dure toujours

  

Combien de merveilles Dieu a réalisé pour ce peuple à travers les FMM qui depuis trente ans ont fait partie de la communauté ! Combien de vies partagées ! Pour célébrer, faire mémoire et remercier le Seigneur, les sœurs qui ont fait partie de cette communauté depuis sa fondation, se sont réunies. La provinciale S. Ana Inès, les sœurs des communautés les plus proches, se sont jointes à la communauté actuelle (Regina, Norma et Sylvia), ainsi que les Wichis et les amis, qui d’une manière ou d’une autre les ont accompagnées durant ces années. Tous assistaient à la célébration commémorative, selon la véritable acception de cette expression. Comme la présence des FMM ici a toujours été marquée par l’œcuménisme, il en a été de même pour la célébration à laquelle ont participé les pasteurs protestants et le prêtre catholique. Partant de la Parole de Dieu, ils ont remercié et loué pour la présence des sœurs si longue et si féconde. L’un des pasteurs a dit : « Les sœurs ont beaucoup souffert ici… mais elles sont restées. Elles ont été pour les bonnes choses et pour les mauvaises. 30 ans c’est long, cela m’a fait méditer, réfléchir

Ce fut une célébration riche de Parole et de paroles. Quelques-unes furent particulièrement significatives comme celles de Manuel, chef des Wichi lors de la fondation de la communauté FMM. Faisant mémoire de toute une vie partagée, il a souligné le fait que beaucoup de gens sont passés par « Fiscal » et sont partis, seules les FMM sont restées. Leur présence, dit-il, a fait toute la différence. Grâce à leurs conseils, les Wichi ont pu mener à bien la lutte pour la possession de la terre, jusqu’à obtenir le titre de propriété. De même pour l’école bilingue qui n’existerait pas sans le dévouement et la ténacité des sœurs. Plus tard ce fut le travail avec les femmes, la couture et toutes les activités pour leur promotion. Pendant la célébration, différents récits ont rendu présentes les 30 années de mission. Une seule raison à tout cela, comme l’a exprimé S. Sylvia qui est restée 20 ans dans cette communauté : « Nous sommes ici parce que Dieu est Amour. Nous avons décidé de suivre ce Dieu Amour et il a permis que nos chemins se croisent. »

A la fin de la célébration l’un des pasteurs a demandé aux sœurs de se lever et a invité tous les participants à venir les saluer. Un à un, tous sont venus et il était émouvant de voir les larmes dans les yeux de beaucoup au moment d’embrasser les sœurs. Certains ne les avaient pas vu depuis des années et ne savaient pas si elles étaient encore vivantes, comme S. Andrea et S. Cristina, deux protagonistes de cette belle histoire qui sont maintenant dans la communauté de Salta.

Après la célébration eut lieu le repas avec un plat typique d’Argentine, le « locro », préparé par les femmes dès le matin de très bonne heure, car il faut beaucoup de temps. Il était délicieux et fut apprécié de tous. La fête s’est prolongée tout l’après-midi avec des jeux très animés, préparés aussi par les femmes et auxquels tous ont pu participer. Musique, danse, bavardages, tout a contribué pour faire de cette journée une fête mémorable. A la fin se furent les femmes qui à leur tour ont remercié pour tout ce qu’elles avaient reçu des sœurs. Elles aussi ont fait mémoire du passé et de tout ce qui a été fait pour les aider à tenir le rôle qu’elles ont aujourd’hui dans la communauté. Elles ont remercié particulièrement les sœurs pour leur visite aujourd’hui. Elles disaient toutes : les sœurs sont venues de loin aujourd’hui pour nous voir !

Les FMM, sans aucun doute, font partie de l’histoire de ce Peuple. Et ce n’est pas peu de chose. Pour moi ce fut une expérience unique de pouvoir participer à ce qui s’est vécu ce jour-là et qui est la conséquence de cette vie donnée et reçue.

Sara Renca, fmm

 

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